…un temps splendide
Souvenez-vous, l’année dernière (2021) je suis parti de la gare de Kusano (avec le café restaurant Chambéry) qui est la gare la plus méridionale de Tamba-Sasayama et me suis rendu à la gare suivante, celle de Furuichi à pied …
Cette année avec l’éveil du printemps, je me suis rendu à Furuichi directement, pensant faire une promenade jusqu’à la gare suivante de Minami Yashiro (avant dernière gare avant l’important semi terminus de Sasayama guchi)…
Finalement, je suis resté plus longtemps que prévu à Furuichi !
Les raisons sont multiples, le temps splendide du 15 mars qui incitait à la flânerie, un sanctuaire et un temple, tous deux bien intéressants, un « select shop » … et un tout nouveau restaurant !
L’ancien village de Furuichi était un lieu de passage important notamment depuis que Minamoto no Yoshitsune se rendit à Hiyodorigoe depuis Kyoto afin de s’imposer aux Taira dans la bataille de ichi no tani…
Ainsi un temple bouddhiste 宗玄寺 – Sougenji – ainsi qu’un sanctuaire dédié à la divinité du bonheur Ebisu témoignent de l’importance de cet ancien village.
Le temple 宗玄寺 Sougenji est lié aux 47 rônins, et une fête y est célébrée en leur honneur le 14 décembre de chaque année.
Le 古市の蛭子神社 sanctuaire dédié à Ebisu est lié à une légende singulière. Dans un courant d’eau voisin on aurait découvert une pierre dont la forme rappelait celle d’un des sept dieux de la bonne fortune : Ebisu – divinité des pêcheurs et de la prospérité. De fait, cette pierre mise en place près de la route attira la prospérité au village de Furuichi et on lui dédia un sanctuaire. Cependant, elle fut dérobée et de ce moment, Furuichi périclita. L’histoire veut qu’elle fût récupérée et que la petite citée retrouvât sa splendeur passée… un nouveau sanctuaire fût alors érigé près du temple Sougenji. Une vallée au sud de la ville porte d’ailleurs le nom de ce dieu : la vallée d’Ebisu (Ebisu tani). Dans le sanctuaire on peut voir deux magnifiques masques figurant le dieux Ebisu.
La route nationale 176 ainsi que la gare JR Furuichi témoignent encore de l’important passage qui existait toujours avant la seconde guerre mondiale. Malheureusement, on ne s’arrête plus ici comme par le passé.
Cependant, depuis six ans, le village a vu s’ouvrir un magasin un peu hors norme. Un select shop (c’est à dire une boutique, non inféodée à une seule marque (de vêtement par exemple)) d’un style un peu particulier.
Son nom ? ARCHIPELAGO… l’archipel…
Que trouve-t-on dans cette boutique archipel ?
– des vêtements, mais pas uniquement…
– des ustensiles de la vie quotidienne, brosses, vaisselle en céramique ou en verre, paniers et différents articles de vannerie, mais pas seulement…
– des livres aussi…
– et parfois même des petits gâteaux ou divers aliments…
… brefs des produits divers comme autant d’îles, qui proviennent des quatre coins de l’archipel japonais.
Tout ceci est cependant réuni autour d’un concept ou lié à un style de vie… cherchant des produits de qualité, qui ne soient pas tape à l’œil, mais pas non plus forcément bon marché, mais qui – le plus important – ait une longue vie… une vraie vie, des objets dotés d’une âme.
Ces objets d’une esthétique simple et discrète sont rattachés au mouvement Seikatsu Kougei – littéralement : artisanat de / pour la vie – initié dans les années 1990 par Ryuji Mitani, Kazumi Tsuji et Masanobu Ando, pour ne citer que les plus célèbres.
L’espace choisi pour le magasin, contrairement à ce que l’on aura pu penser n’est pas une maison historique remontant à la période Edo, comme il en reste encore quelques-unes, très belles, dans le village, mais un bâtiment relativement récent, fonctionnel, un ancien magasin de produits agricoles, armature fer et béton remontant probablement aux années 1950. Le volume simple permet une utilisation maximale de l’espace intérieur, afin que les objets ne soient pas entassés les uns sur les autres… mais bien plutôt présentés chacun comme des pièces uniques, comme dans une galerie d’art.
Par chance, ce jour-là, ARCHIPELAGO ouvrait un nouvel espace, à quelques dizaines de mètres du magasin principal, un espace de restauration : SOGI
Le concept ici est le même, les locaux investis datent des années 1960 et abritaient une banque – équivalent du crédit agricole.
L’espace est clair et propre, sans ostentation… un peu spartiate.
Outre l’espace du restaurant, un petit espace est dédié à des aliments frais et de l’épicerie, bien entendu issu de l’agriculture « bio » et principalement locale.
Le menu proposé est simple mais complet, présentant des mets préparés avec des aliments issus de l’agriculture locale et « bio ». C’est bon et raffiné dans la simplicité… de la bonne cuisine japonaise du quotidien, ou d’un quotidien que l’on essaie de reconquérir.
Certes, Furuichi n’est pas un grand centre touristique, mais c’est un havre de paix où il fait bon flâner à la belle saison, et où l’on peut se régaler également d’excellente cuisine japonaise, on ne s’y arrête plus par hasard.